Période: Années 1960 (1958 - 1968)
Folklore: Khalot de Prépa
Région: Grand Est
Type d'objet: Coiffes
Filière: Taupe (Prépa Scientifique)
Ville: Nancy
Année: 1961
Nom du Lycée Lycée Henri Poincaré
Nom de la Prépa Taupe Drouot
Cote : ESTU-FRN-0069

Description

Khalot noir à passepoil rouge. 

A dextre1, sur le bandeau : les lettres "LHP", "TAUPE DROUOT" et une étoile dorée. Sur le calot, la lettre X, une tête de mort sur fémurs, un marteau et maillet et une seconde tête de mort sur fémurs

A sénestre1, sur le bandeau : la lettre "X", cinq étoiles dorées, un ruban jaune de biais avec un balais et les nombres 167, 168 et 169, ce dernier étant en grand. Sur le calot, les grandes lettres "LHP".

En frontal, trois doubles gallons dorés. 

Analyse

Ce Khalot vient du Lycée Henri Poincaré de Nancy, comme l'indiquent les lettres "LHP", familièrement appelé le « Baz Poincaré » [1]. Son propriétaire a passé trois ans dans la prépa, conformément au nombre de doubles gallons en frontal. Les numéros de promotions, de la 167 à la 169, sont également cohérent avec cela, ce qui nous apprends qu'il y était de 1961/1962 à 1963/1964.

Logiquement, la partie haute à dextre devrait symboliser les concours qu'il a tenté : il a commencé par passer le concours de l'Ecole Polytechnique, qu'il a échoué, puis celui des Arts et Métiers, qu'il a échoué également. La présence d'un second X à sénestre n'est pas inhabituel, et sa présence à cet endroit est traditionnelle sur les khalots de taupe, rappelant que ces classes orientaient à l'origine vers l'Ecole Polytechnique.

L'interprétation du balais est actuellement un mysère, il pourrait s'agir d'une fonction au sein de la prépa, ou d'un souvenir de son bizutage peut-être...

Serge Savoysky, élève de cette classe préparatoire à partir de 1953, nous donne quelques informations sur le folklore des classes préparatoires dans ce lycée. On y trouvait une taupe (scientifique), une kagne (littéraire), une corniche (militaire) ainsi qu'une autre classe appelée la "Colo" [2].

« Les plaisanteries au détriment des bizuths se cantonnaient dans l’enceinte du Lycée » hormi pour la Sainte Barbe. Par exemple, on y trouvait le jeu de π (pi) : « un bizuth dégourdi et pas trop lourd [devait] se hisser, aidé par quelques copains, dans l’anneau du panier de basket planté dans la cour [...] Muni d’une allumette servant d’unité, il devait mesurer la circonférence de l’anneau, son diamètre, puis diviser la première mesure par la seconde et recommencer si les anciens jugeaient le résultat insatisfaisant. »

C'est le 4 décembre, le jour de la Sainte-Barbe, que sont baptisés les bizuths. Coiffés du Khalot et portant la "Bure" (une blouse), ils se présentaient trois par trois devant les drapeaux traditionels de la taupe, un jaune et un rouge. Maquillés à l'aide d'encre de chine (noir), de mercure au chrome (rouge) et d'acide picrique (jaune), ils devaient prêter serment, avant d'ingurgiter une poignée de gros sel. Ils arpentaient ensuite les rues de la ville en chantant des chansons paillardes. Ils passaient par la Place Stanislas et la gare de la ville, avant de terminer leur monôme Place Carnot où se trouve une statue du Général Drouot, le patron de cette taupe. 

« Après une revue des Bizuths, le "Z" [le pré-Zident]  devait alors se hisser, aidé par quelques costauds jusqu’à la statue [...] Il haranguait les Bizuths en leur débitant quelques sornettes puis redescendait. [...] C’était fini ; les Bizuths n'étaient plus des Bizuths mais des "Taupins" puissance ½, Tout ce petit monde ½ et anciens, "carrés", "cubes" et même un "bica" [Bicarré, élève de 4è année], s’en retourneait vers le Palais de la Bière en haut de la rue Saint Jean, écluser quelques chopes au grand désespoir du "KS" [Kaissier, le trésorier] chargé de régler la note en vidant notre escarcelle… » [3].

Sources

[1] Serge Savoysky, Histoires de famille, p42
[2] Serge Savoysky, Histoires de famille, p43
[3] Serge Savoysky, Histoires de famille, p45

1 Les mots dextre et sénestre sont des termes issus de l'héraldique qui signifient respectivement droite et gauche. Le référentiel est celui du porteur de la coiffe, donc en face de ce dernier, dextre est à la gauche, et sénestre est à la droite de celui qui l'obsèrve.

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